L'autonomie désigne la capacité d'un objet, individu ou système à se gouverner soi-même, selon ses propres règles. Dans d'autres cas, elle fait référence aux propriétés d'une entité qui est capable de fonctionner de manière indépendante, sans être contrôlée de l'extérieur ou sans des apports (matériels, énergétiques, etc) en provenance de l'extérieur[1].
En philosophie morale, l’autonomie (du grec αὐτονομία, autonomia) est la faculté d'agir par soi-même en se donnant ses propres règles de conduite, sa propre loi. C'est ce qui fonde l'éthique par rapport à la morale qui est dite naturelle car nécessairement révélée par un Dieu ou une tradition de sagesse antérieure et qui est donc hétéronome (voir par exemple les Dix commandements, l'évangile, Confucius…).
Dans le domaine de la pédagogie, une proposition d'autonomie peut se construire à partir de l'éducation (éducation à l'autonomie, écocitoyenneté). La première forme d'autonomie consiste, pour un enfant, à devenir capable de reconsidérer les règles fixées par les milieux social et naturel. « Il ne faut pas agir et parler comme nous l’avons appris par l’héritage de l’obéissance. » Héraclite[réf. nécessaire]
Dans la suite des champs disciplinaires, cette idée se comprendrait mieux dans la relation entre autonomie et hétéronomie et avec l'anomie. En effet, ce sont des formes de relation dans les sciences sociales, de la psychologie à la sociologie.
Selon Auguste Comte, l'autonomie de l'homme est atteinte lorsqu'il réussit à s'affranchir de l'influence des religions et de la métaphysique pour atteindre l'« état positif », dans un processus qu'il appelle loi des trois états. Le positivisme du XIXe siècle a permis à la sociologie de réorganiser la société en tenant compte de lois scientifiques.
Ivan Illich et Jean-Paul Berthelon ont, dans La convivialité (1973), inauguré la question de l'autonomie à travers les notions d'outils conviviaux et de simplicité volontaire : l'autonomie pourrait être une façon de vivre qui cherche à être moins dépendante de l’argent, de la vitesse et du système industriel, et moins gourmande des ressources de la planète.
Pour un appareil ou une machine, l’autonomie est la durée pendant laquelle elle peut fonctionner sur ses réserves et avec ses capacités propres, soit en utilisant ses propres sources d'énergie, soit en utilisant une énergie tirée de l'environnement naturel (énergie solaire), sans recours à des sources d’énergie externes (recharge sur le réseau électrique ou ravitaillement en carburant). Il serait plus juste ici de parler d’autarcie provisoire, dans la mesure où les machines peuvent se suffire à elles-mêmes un certain temps - ce qui est la définition de l'autarcie -, mais non se gouverner selon des règles qu'elles ont elles-mêmes définies.
En politique moderne, l’autonomie désigne l'autogouvernance d'un groupe ou d'une communauté et a pu prendre plusieurs sens :
Par la « Charte de l’autonomie locale », le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux — qui représente les collectivités locales et régionales au sein du Conseil de l'Europe — a mis en place des règles communes aux pays membres du Conseil de l’Europe ayant apposé leur signature sur la Charte, le but étant de garantir l’acceptation et la protection de l’autonomie politique, administrative et financière des pouvoirs locaux. Ce suivi (monitoring) de la démocratie locale et régionale constitue l’activité la plus emblématique du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l'Europe.
Dans le domaine médical, l'autonomie peut avoir plusieurs sens[3]. L'autonomie renvoie notamment à la liberté[4] de choix du patient (Charte de la personne hospitalisée[5]) ou, plus fréquemment, à la capacité pour une personne d'assurer les actes de la vie quotidienne. En cas de perte d'autonomie, on parle alors de dépendance[6]. Dans ce cas, le concept d'autonomie est particulièrement utilisé concernant la personne en situation de handicap et la personne âgée[7].
L'autonomie se définit en fonction de l'indépendance fonctionnelle. La définition de l’autonomie est la même pour tous. Que l’on soit une personne valide ou une personne en situation de handicap, et cela quel que soit le handicap.
La notion d'autonomie renvoie à celle de la dépendance. Les notions de « dépendance » et d'« autonomie » ne sont pas opposées car se complétant mutuellement[8].
Le terme autonomie a la même signification que l’on parle d’une personne valide que d’une personne ayant un handicap ou une déficience. Cela bien entendu sans différence de handicap. Afin d’établir la liste des items ainsi que le dictionnaire de données il est nécessaire de bien cerner l’autonomie et de tirer les éléments qui la composent. Pour cela, décomposons-la de la manière suivante : avant l’action, pendant l’action et après l’action.
Avant l’action, il est nécessaire que la personne en ait l’idée. Par idée, on entend le fait que la personne doit pouvoir penser seule à l’action qu’elle va ou qu’elle doit entreprendre. L’idée, va naître d’un ou de plusieurs besoins. Puis vient l’intention, qui est le fait de vouloir entreprendre cette action, et l’autodétermination qui est la volonté d’atteindre l’objectif menant à la réalisation de l’acte. La personne handicapée doit être capable d’anticiper face à la situation présente afin de pouvoir agir ou réagir dans les plus brefs délais, et de mettre en place les moyens nécessaires au bon fonctionnement de l’action qu’elle doit mener.
La personne doit faire preuve de savoir-faire lors de l’accomplissement de l’acte. C’est-à-dire qu’elle doit maîtriser les actions faisant partie de l’acte, et pouvoir remédier aux éventuelles situations difficiles. Lors de contacts avec des tiers, elle doit avoir un comportement adapté. Lors du déroulement de l’action, la personne peut rencontrer certains problèmes et cela à différents niveaux: moteur, sensoriel, affectif et cérébral.
La grille AGGIR est utilisée par les professionnels de santé pour évaluer le niveau d'autonomie à partir des activités effectuées ou non effectuées par la personne. Les résultats de cette grille déterminent en France la pertinence de l'Allocation personnalisée d'autonomie (APA)[9].
L'autonomie peut être, dans certains cas, stabilisée ou même renforcée avec un mode de vie.
L'autonomie par rapport au milieu (cf. Claude Bernard) est ce qui caractérise les êtres vivants et les distingue des machines.
L'analyse sociologique et l'intervention sociale utilisent aussi beaucoup la notion d’autonomie pour définir dans un sens restreint l'aptitude d'une personne à s'intégrer de manière individuelle dans la société par opposition à la situation d'assistance de la part de tiers et des pouvoirs publics : autonomie des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, des personnes en situation précaire, etc.
Au point de vue de l'analyse sociale, le terme d'autonomie correspond à la capacité à s'auto-suffire dans le sens strict ou à pouvoir s'auto-gérer dans le sens courant. Ainsi, quand on parle d'autonomie pour une personne handicapée, on l'oppose à l'idée communément admise de dépendance. Une personne handicapée est dite autonome quand elle peut dépasser cette dépendance, « se débrouiller seule » sans devoir avoir systématiquement avoir besoin de l'aide d'autrui. Cela est également valable pour une personne valide, qu'elle soit dans une situation de handicap (stress, peine, douleur, solitude, dépression…) ou non. À la différence près que pour une personne valide, l'imaginaire collectif attribue automatiquement une autonomie et un droit à l'autonomie que l'on n'accorde pas à la personne handicapée. On ne met pas en avant l'autonomie d'une personne valide car « cela va de soi ».
Pourtant, l'autonomie et la dépendance doivent être distinguées conceptuellement. L'autonomie se distingue de l'indépendance, en ce qu'elle consiste à reconnaître la personne comme sujet disposant de la capacité de décider pour elle-même. Ainsi, une personne dépendante d'une assistance ou d'un accompagnement extérieur ne perd pas nécessairement son autonomie si la personne aidante veille à respecter au mieux ses décisions d'organisation, tant que celle-ci est en capacité de décider pour son propre bien-être.
L'autonomie de la couleur désigne, en peinture la capacité de la couleur à se suffire à elle-même sans avoir à se référer à autre chose. La peinture devenant ainsi le sujet du tableau. L'autonomie de la couleur s'oppose au ton local qui reproduit l'exacte couleur réelle des éléments représentés.
Cet ouvrage pose les bases théoriques d'un modèle d'autonomie « à la française », qui ne se confond pas avec l'autonomie pratiquée dans les États régionaux, mais qui permet malgré tout aux collectivités locales françaises de prendre des décisions de nature politique.
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